← revenir aux actus
Retour sur | 25 Juin 2025

14 nouvelles voix pour la liberté d’informer

Partager
Lien copié

Le 20 juin dernier, à l’occasion de la Journée mondiale des réfugiés, le programme Voix en Exil porté par CFI avec SINGA, la Maison des Journalistes et Reporters sans frontières (RSF), annonce le lancement de sa deuxième promotion. Ce programme met en lumière une réalité encore peu couverte : celle des journalistes contraints de fuir leur pays et de reconstruire leur métier en exil, depuis la France.
Alors que le Haut-commissariat aux réfugiés (HCR) estime à plus de 130 millions le nombre de personnes déplacées de force dans le monde en 2024, dont plusieurs milliers de journalistes, Voix en Exil leur offre un cadre pour continuer à exercer leur mission, en liberté et en sécurité.

Garantir la liberté d’informer : un enjeu démocratique majeur

Le journalisme est l’oxygène de la démocratie, c’est pourquoi les médias indépendants sont souvent ciblés et poussés à l’exil dans d’autres pays du monde, notamment vers la France. Le rôle de ces journalistes réfugiés est central pour garantir un accès à une information fiable, indépendante et plurielle. En exil, ces professionnel·les continuent de s’adresser à leurs concitoyens restés sur place, aux diasporas et au grand public international. Dans un contexte mondial de répression accrue des médias et de recul de la liberté de la presse, leurs productions nourrissent les débats démocratiques, documentent les violations des droits humains et contribuent à lutter contre la désinformation. Leur protection et leur capacité à continuer leur métier sont des conditions indispensables du droit à l’information. 

« SINGA est là pour révéler l’expertise et les compétences de ces journalistes, qui ne se sont pas envolé·e·s aux frontières. Valoriser leur savoir-faire est essentiel, à la fois pour leur vie, leur épanouissement, et aussi pour l’enrichissement de nos sociétés. La liberté de la presse est fondamentale et fragile, y compris en France. Ce programme contribue à la faire vivre en soutenant son pluralisme », a déclaré Benoît Hamon, directeur général de SINGA Global, lors du lancement du programme.

Voix en Exil : un programme qui soutient les journalistes réfugiés

Soutenu par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, le programme Voix en Exil accompagne les journalistes réfugié·es dans la reconstruction de leur trajectoire professionnelle en France alors qu’ils font face à des défis d’ampleur tels que l’isolement, la précarité, les difficultés administratives ou encore la barrière de la langue. Ce programme phare leur propose un accueil et un appui socio-administratif, renforce leurs compétences grâce à des formations et du mentorat, et valorise leur travail à travers des actions de visibilité et de mise en réseau avec les médias français, permettant de rompre leur double déracinement à la fois géographique et professionnel.

Depuis son lancement en septembre 2024, Voix en Exil a soutenu une première promotion de 17 journalistes issus de 10 pays, dont l’Afghanistan, la Syrie, la Russie, l’Iran, Haïti ou encore la Guinée, pays dans lesquels la situation de la liberté de la presse est « difficile » ou « très grave » selon le classement RSF 2025.

« Le programme Voix en Exil m’a permis d’amplifier la voix des journalistes afghans en exil et m’a apporté un soutien précieux pour poursuivre ma mission de journalisme indépendant en dépit d’immenses difficultés. Les ateliers et les formations m’ont été d’une grande utilité. Il m’a mis en contact avec un réseau mondial engagé en faveur de la liberté de la presse et des droits de l’homme » explique Noorwali KHPALWAK, journaliste afghan.

 

14 nouvelles voix engagées dans la 2e promotion du programme

Contraint·e·s de quitter leur pays à cause de pressions politiques, de conflits ou de répression, ces journalistes apportent avec eux ou elles une richesse précieuse : des regards pluriels sur le monde, ancrés dans l’expérience du terrain et de la résistance à l’effacement. Voici les 14 journalistes qui rejoignent cette deuxième promotion, chacun·e porteur·se d’un parcours singulier et courageux :

  • Mohamed Abdelkawy (Égypte) : Journaliste et producteur indépendant égyptien, collaborant avec des médias tels qu’AJ+, Al Jazeera et Al-Araby Al-Jadeed. Spécialisé en “nouveaux médias”, il travaille sur les droits humains et les prisonniers politiques en Égypte, ainsi que sur des sujets arabes et français en France. 
  • Anoosha Ansari (Afghanistan) : Journaliste afghane avec dix ans d’expérience, ayant travaillé à Kaboul et à Mazâr-e Charîf pour Ariana TV. Elle a fui l’Afghanistan après la chute de Kaboul et est arrivée en France en 2022. Diplômée en finance et business, elle poursuit actuellement ses études à l’Université Lyon 2.
  • Ferdinand Mensah Ayité (Togo) : Journaliste togolais, fondateur et directeur de publication du journal d’investigation L’Alternative. En décembre 2021, Ferdinand est arrêté et emprisonné pour ses enquêtes sur la corruption au Togo. Après une brève interpellation, il quitte précipitamment le Togo, juste avant d’être condamné par contumace à trois ans de prison et visé par un mandat d’arrêt international. En 2023, il a reçu le Prix international de la liberté de la presse décerné par le CPJ. En 2024, il est diplômé en Master 2 de l’ESJ de Paris.
  • Khaled Khalaf (Syrie) : Journaliste syrien originaire d’Idlib, diplômé en journalisme de l’Université de Damas en 2009. Il a couvert les transformations politiques et sociales de la Syrie depuis 2011 et travaille actuellement en France sur un projet de documentaire autour de l’exil avec l’association Carmen.
  • Ali Mahfoud (Libye) : Journaliste et chercheur libyen basé en France, spécialisé dans les questions de migration, d’asile et de cybersécurité, ainsi que sur la géopolitique de la région EU-MENA. Il est également cofondateur de l’organisation Dialogue Étudiant Méditerranéen (MED), qui soutient de jeunes journalistes dans la région .
  • Naline Malla (Syrie – kurde) : Journaliste et chercheuse kurde syrienne avec plus de 14 ans d’expérience, spécialisée dans la lutte contre la désinformation et les interventions humanitaires. Elle poursuit actuellement un Master en recherche comparative en anthropologie, histoire et sociologie à l’EHESS.
  • Mariam Mana (Afghanistan) : Journaliste afghane ayant travaillé pour Internews, 8 am daily, IRIB et collaboré avec la BBC. Elle est arrivée en France en 2017 et travaille à la création d’une plateforme dédiée aux droits des femmes et à la protection de l’environnement.
  • Basma Nasser (Yémen) : Journaliste et réalisatrice yéménite réfugiée en France, elle collabore avec l’association Making Waves, spécialisée dans la production audiovisuelle à impact social.
  • Djenyka Piverger (Haïti) : Journaliste haïtienne avec une longue expérience en radio, développant des programmes sur les questions sociales en Haïti, notamment sur les violences faites aux femmes.
  • Rodly Saintiné (Haïti) : Journaliste et animateur de radio haïtien, correspondant pour RFI depuis 2018. Il a créé une école de journalisme multimédia en Haïti en 2018 et, après avoir fui en 2021, il est arrivé en France en 2023 où il travaille sur un podcast sur l’exil.
  • Simon Suleymani (Turquie – kurde) : Journaliste kurde avec une solide expérience dans les médias et la communication. Après avoir été emprisonné pendant 16 mois en Turquie en raison de ses activités journalistiques, il vit à Paris depuis quatre ans en tant que réfugié politique. Il est président de l’Association des Cinéastes Kurdes de Paris et coordinateur du Zagros Film Festival.
  • Sharifullah Shagiwal (Afghanistan) : Journaliste afghan ayant travaillé pour Tolo News et Shamshad TV. Après la chute de Kaboul, il a fui le régime taliban et est arrivé en France en 2023. Il travaille sur la lutte contre le trafic d’êtres humains en Afghanistan.
  • Amanullah Qaisari (Afghanistan) : Présentateur sportif afghan reconnu, ayant travaillé près de dix ans pour Moby Group. Après la chute de Kaboul en 2021, il a quitté l’Afghanistan pour la France avec le soutien de RSF et du ministère des Affaires étrangères. Il travaille actuellement à la création d’une plateforme fiable et digne de confiance autour du sport, notamment du sport féminin en Afghanistan.

La Journée mondiale des réfugiés, un temps fort pour ces journalistes exilé·es

“La journée mondiale des réfugiés rend hommage au courage à celles et ceux qui fuient la guerre ou la persécution, elle nous rappelle l’importance de la solidarité et de l’humanité envers les personnes déplacées” déclare Halima Karimi, journaliste afghane accompagnée lors de la première promotion du programme Voix en Exil.

Cette Journée mondiale est l’occasion de souligner l’importance d’accueillir ces journalistes afin qu’elles et ils puissent trouver refuge dans des pays sûrs, poursuivre leur mission d’information et faire bénéficier les pays d’accueil de leur expertise. Elle doit aussi attirer l’attention sur les nombreuses difficultés administratives qu’ont rencontré ces réfugiés au cours de leur parcours et qu’ils rencontrent souvent encore une fois en France. Le programme Voix en exil prend naturellement en compte cette dimension pour que les journalistes puissent continuer à exercer leur métier librement et dans les conditions les plus sereines possibles.

📌Pour lire les actualités et les journalistes du programme : lien