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Retour sur | 19 Sep. 2024

Voix en Exil : un nouveau programme pour soutenir les journalistes en exil et défendre une presse libre

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Le 20 septembre 2024, à la Gaîté Lyrique, SINGA, Canal France International (CFI), la Maison des journalistes (MDJ) et Reporters sans frontières (RSF) ont lancé le programme Voix en Exil, un projet innovant de soutien aux journalistes en exil. Ce programme, soutenu par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, a pour ambition de faire de la France une terre d’accueil pour ces professionnels de l’information contraints de fuir leur pays.

Un contexte de plus en plus difficile pour les médias

Ces dernières années, de nombreux pays ont vu leur environnement médiatique se détériorer. Que ce soit à cause des conflits, de l’instabilité politique ou de régimes autoritaires, des centaines de journalistes ont dû fuir leur pays pour assurer leur sécurité et poursuivre leur mission d’informer. Des crises comme l’invasion de la Russie en Ukraine ou la guerre au Soudan ont accéléré cette tendance.

Convaincus de l’importance du rôle des journalistes pour diffuser une information fiable, tant pour leurs concitoyens que pour la communauté internationale, CFI, SINGA, RSF et la MDJ se sont unis pour mettre en place Voix en Exil. Ce projet a pour but de fournir aux journalistes exilés un soutien à la fois humain, professionnel et logistique pour leur permettre de continuer à exercer leur métier dans un environnement sûr.

Trois grands objectifs pour Voix en Exil

D’une durée initiale de trois ans, le projet Voix en Exil repose sur trois piliers :

  1. Accueillir et sécuriser les journalistes exilés en leur offrant un soutien administratif, social et culturel.
  2. Renforcer leurs compétences journalistiques et les aider à produire une information indépendante et objective.
  3. Favoriser la visibilité des journalistes en exil en leur offrant des espaces pour s’exprimer et créer des synergies avec d’autres professionnels.

Chaque année, ce sont 18 journalistes qui seront accueillis au sein de ce programme, pour un total de 72 professionnels sur trois ans. Hébergés en Île-de-France et intégrés à un incubateur de médias à la Gaîté Lyrique, ils pourront continuer leur combat pour une information libre tout en bénéficiant d’un réseau de soutien.

Les 18 voix de l’exil : des journalistes des quatre coins du monde

Contraints de quitter leurs pays à cause de pressions politiques, de conflits ou de répressions, ces professionnels apportent avec eux des perspectives uniques, nourries de parcours courageux :

  • Abdoulaye Oumou Sow (Guinée)
    Spécialisé dans l’environnement et les droits des femmes, Abdoulaye a travaillé comme reporter en chef chez Guinée Matin. Après des menaces liées à son opposition au gouvernement militaire, il a quitté la Guinée en 2022. En France, il souhaite lancer un média indépendant pour continuer à défendre ces causes.
  • Ahmed Abdeen (Égypte)
    Journaliste depuis 18 ans, Ahmed Abdeen a collaboré avec divers médias en Égypte, au Maroc et au Liban. En 2020, réfugié politique en France, il crée Aleyada, un média en ligne spécialisé dans le journalisme de santé, ainsi que Elkessa, qui aborde les questions de société au Moyen-Orient.
  • Ahmed Bizhan Aryan (Afghanistan)
    Avec 15 ans d’expérience, Ahmed Bizhan est un journaliste et présentateur TV. Il a dû fuir l’Afghanistan en 2021 à cause de menaces persistantes liées à ses reportages. En France, il souhaite développer des projets audiovisuels pour informer la diaspora afghane et la communauté internationale.
  • Asal Abasian (Iran)
    Féministe queer et militante LGBTQIA+, Asal Abasian a travaillé pour de célèbres médias iraniens et défend l’égalité des genres depuis 10 ans. Exilé·e en 2021, Asal poursuit aujourd’hui son activité de journaliste freelance et de défense des droits LGBTQIA+ en France.
  • Farshad Fattahi (Afghanistan)
    Journaliste spécialisé en investigations télévisuelles, Farshad a fui l’Afghanistan après le retour des talibans en 2021. En France depuis 2023, il collabore avec Guiti News pour produire des contenus sur les droits des femmes afghanes et les conséquences du régime taliban.
  • Halima Karimi (Afghanistan)
    Journaliste d’investigation spécialisée dans les droits humains, Halima a fui l’Afghanistan en 2022 après des menaces du régime taliban. Elle travaille aujourd’hui avec la rédaction de Guiti News et d’autres médias pour poursuivre son combat en faveur de la justice et des droits humains.
  • Hanna Shpakava (Biélorussie)
    Journaliste spécialisée dans les arts visuels et audiovisuels, Hanna a dû quitter la Biélorussie en raison de pressions politiques. Désormais productrice pour CNN et France 24, elle collabore aussi avec Le Monde et la revue Kometa en tant qu’éditrice.
  • Jean Samuel Mentor (Haïti)
    Après des menaces de mort suite à une enquête sur le trafic d’armes, Jean Samuel Mentor a quitté Haïti en 2023. Il a remporté la 3e place du Prix Bayeux-Calvados dans la catégorie radio pour son reportage sur la violence envers les femmes en Haïti, et poursuit son travail en France.
  • Mohammad Mohammad (Syrie)
    Mohammad a fui la Syrie en 2014 et a continué son métier de journaliste en Turquie avant de rejoindre la France en 2022. Il travaille désormais pour Dijlah Net, un média en ligne spécialisé dans l’actualité politique et sociale de la Syrie.
  • Mohamed Maher Akl (Égypte)
    Condamné pour terrorisme par les autorités égyptiennes en 2018, Mohamed Maher Akl est aujourd’hui réfugié en France. Il continue à travailler pour Al Jazeera Media Network et développe des documentaires retraçant les parcours des journalistes en exil.
  • Naama Al Alwani (Syrie)
    Journaliste syrienne, Naama a fui le Liban sous la pression du Hezbollah. Passionnée de cinéma et de photographie, elle a obtenu une licence de cinéma en France et travaille sur plusieurs projets documentaires pour sensibiliser le public aux conflits au Moyen-Orient.
  • Noorwali Khpalwak (Afghanistan)
    Ancien chef de cabinet du gouvernement afghan et directeur de l’information pour la télévision nationale, Noorwali a fui son pays en 2021. Aujourd’hui en France, il développe un podcast dédié à donner la parole aux voix afghanes et continue de soutenir des médias locaux.
  • Sayas Mursal (Afghanistan)
    Journaliste et activiste pour les droits des femmes, Sayas a fui l’Afghanistan en 2021. Elle contribue anonymement à des médias internationaux, dont Courrier International, et produit des émissions pour la Radio Internationale Afghane.
  • Sharareh Mehboudi (Iran)
    Avec plus de 15 ans d’expérience, Sharareh milite pour l’éducation des femmes et la lutte contre les discriminations. En France depuis 2023, elle développe Iran Digital Nomad, un site internet visant à sensibiliser à la situation des femmes iraniennes.
  • Shadi Matar (Syrie)
    Documentariste et reporter de guerre, Shadi Matar a fui la Syrie après avoir couvert la révolution syrienne pendant cinq ans. En France, il a collaboré à plusieurs documentaires et continue de travailler en tant que journaliste freelance.
  • Solafa Magdy (Égypte)
    Journaliste et ancienne prisonnière politique, Solafa a été incarcérée pendant deux ans en Égypte pour avoir dénoncé la corruption. Accusée de terrorisme, elle poursuit aujourd’hui son combat pour la liberté d’informer et la sécurité des journalistes en exil.
  • Walid Bourouis (Tunisie)
    Consultant en communication pour l’UNESCO et formateur au Syndicat National des Journalistes Tunisiens, Walid a collaboré avec plusieurs médias depuis son arrivée en France, où il continue de s’engager pour la liberté de la presse et les récits d’exil.

Un consortium pour la liberté de la presse

Le lancement du projet Voix en Exil a réuni de nombreuses personnalités engagées dans la défense de la liberté de la presse, notamment :

  • Thierry Vallat, Président-Directeur Général de CFI
  • Benoît Hamon, Directeur Général de SINGA Global
  • Darline Cothière, Directrice de la Maison des journalistes
  • Antoine Bernard, Directeur Plaidoyer et Assistance de RSF
  • Emmanuel Lebrun-Damiens, Directeur de la diplomatie culturelle, MEAE
  • Marie-Christine Saragosse, PDG de France Médias Monde

« Nous sommes très fiers de lancer aujourd’hui le projet Voix en Exil pour continuer à accompagner dans leurs projets les journalistes et médias exilés. Notre objectif est avant tout de préserver la liberté d’expression en intensifiant la lutte contre la désinformation, ce qui suppose naturellement de veiller à la sécurité des personnes qui y contribuent. Les journalistes exilés font face à de nombreux défis et il est nécessaire dans ce contexte de leur apporter un soutien global impliquant de nombreuses expertises. Je salue à cet égard le travail remarquable d’efficacité et de complémentarité réalisé par ce consortium que CFI a l’honneur de présider. Il témoigne de cet engagement concret et substantiel en France en faveur de la défense des journalistes et des médias libres. » — Thierry Vallat, président-directeur général de CFI.

Un engagement commun pour un avenir plus juste

Avec Voix en Exil, nous faisons un pas de plus vers un monde où chaque journaliste peut exercer librement son métier, à l’abri des menaces et des pressions. Ce projet témoigne de notre engagement à défendre une information libre et accessible, à construire des ponts entre les cultures et à promouvoir une société plus juste.

Pour en savoir plus sur le projet Voix en Exil et les partenaires impliqués, RDV ici >

Paris

SINGA Paris est une communauté interculturelle qui soutient les personnes nouvelles arrivantes et locales dans leurs projets. SINGA Paris organise également des événements à Kiwanda ou dans des lieux emblématiques que nous co-gérons, la Gaîté Lyrique et la Maison des Réfugiés, où se tiennent ateliers, rencontres et activités favorisant les échanges et la compréhension des migrations. SINGA Paris propose divers programmes d’accompagnement pour les entrepreneur·e·s, adaptés à chaque étape de développement, et mène des initiatives comme Voix en Exil, pour soutenir les journalistes en exil.