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Retour sur | 19 Mars 2025

Après trois mois d’occupation, 450 jeunes expulsés de La Gaîté Lyrique

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Le 18 mars 2025, à l’aube, après trois mois d’occupation, plus de 450 jeunes exilés ont été expulsés de la Gaîté Lyrique par les forces de l’ordre, en application d’un arrêté du préfet de police de Paris. Cette intervention brutale les laisse à nouveau sans solution viable, amplifiant une crise de l’accueil que les autorités refusent de prendre à bras-le-corps.

Alors que des solutions d’hébergement dignes existent et que la société civile s’est massivement mobilisée, la seule réponse des pouvoirs publics a été la répression. Cette expulsion, loin de résoudre le problème, met en lumière l’incapacité de l’État à garantir des conditions d’accueil humaines et à proposer une politique d’inclusion à la hauteur des enjeux.

La Fabrique de l’Époque : un engagement solidaire face à l’urgence sociale

Depuis deux ans, SINGA administre La Gaîté Lyrique aux côtés d’Arty Farty, ARTE, Makesense et Actes Sud dans le cadre du projet “La Fabrique de l’Époque”. Ce projet réinvente ce lieu culturel emblématique en un espace d’expérimentation sociale et culturelle. En décembre dernier, alors que l’occupation de la Gaîté Lyrique a commencé avec 250 jeunes sans-abri, SINGA a décidé de ne pas fermer les yeux face à cette urgence sociale.

Trois mois de mobilisation, quatre vérités à retenir :

  1. Un respect exemplaire des lieux : contrairement aux accusations infondées relayées par l’extrême droite, les jeunes ont fait preuve de discipline et de respect envers l’espace.
  2. Une solidarité sans faille : les salariés et associés de La Gaîté Lyrique ont été solidaires du premier au dernier jour à la demande d’un hébergement digne de ces jeunes.
  3. Un soutien massif de la société civile : plus de 3 500 artistes, associations, citoyens et élus ont appelé à une solution digne et humaine.
  4. Une démission de l’État : seule la répression a prévalu.

Une expulsion qui déplace le problème, sans le résoudre

Les places d’hébergement proposées à la suite de l’évacuation l’étaient pour une durée très limitée et, pour la plupart, loin de Paris. Or, de nombreux jeunes sont scolarisés dans la capitale, ont des recours administratifs en cours et risquent de se retrouver à la rue dans quelques semaines, faute de solutions pérennes.

Cette expulsion ne résout rien : elle ne fait que déplacer le problème ailleurs, condamnant ces jeunes à une précarité toujours plus grande et les renvoyant à l’invisibilité.

SINGA appelle à une mobilisation pour des solutions durables  

Dans un contexte où 300 000 personnes sont sans domicile en France et où des milliers d’exilés restent sans solution d’hébergement digne, des millions de mètres carrés demeurent inoccupés. Selon la Fondation Abbé Pierre (2023), 8% des bâtiments dans les grandes métropoles sont vacants, et en Île-de-France, 5 millions de mètres carrés de bureaux restent vides. 

Face à cette aberration, SINGA, J’accueille et leurs partenaires appellent les pouvoirs publics à prendre leurs responsabilités et à agir sans attendre.

Parmi nos propositions concrètes :

  • Accélérer l’ouverture de centres d’accueil et de logement pérennes : personne ne doit rester sans solution.
  • Stopper le gaspillage immobilier : de nombreux espaces vacants doivent être réquisitionnés pour l’accueil des personnes sans abri, exilées ou non.
  • Encourager l’hébergement citoyen : toute personne disposant d’un logement temporaire peut se manifester via des plateformes solidaires comme J’accueille, Utopia 56, etc. 

Nous refusons ce gaspillage immobilier et affirmons que chaque mètre carré inutilisé est une ressource perdue, et chaque bâtiment inoccupé, un potentiel lieu de vie et de reconstruction.